You don't call the helpline because you are the helpline.

Le premier voyage d'une compagne, c'est toujours une étape clé pour le personnage et c'est en général toujours une occasion pour consolider un lien entre le Docteur et sa compagne, ou développer cette dernière.

Puisque l'épisode ne fait aucune de ces deux choses, c'est un peu problématique. D'autant qu'il dispose en plus de ça d'un scénar assez maigre. Il faut certes dire que The Pilot était vraiment une super introduction à Bill, complète, mais bref.

C'est pour moi l'épisode le plus faible depuis In The Forest of the Night, ni plus ni moins. Tiens en parlant de cet épisode...

On retrouve ici son scénariste, Frank-Cotrell Boyce, à nouveau avec un sens assez absent du rythme et une fin un peu tordue (moins que la précédente quand même). Et des dialogues parfois étranges à nouveau (cette métaphore filée sur l'aiglefin magique qui accorde des voeux, qui est en fait toute la chute de l'épisode).

L'épisode démarre comme un two-hander entre Bill et le Docteur qui explore un lieu futuriste désert qui ne devrait pas l'être (à la manière de Silence in the Library). Découverte des lieux, prise de conscience du danger, repli stratégique puis ré-implication dans les événements se succèdent avant que l'épisode ne dévoile ses vraies cartes.

C'est somme toute une première partie d'épisode vraiment cool. Il y a quelques bonnes idées originales (les badges d'humeur, la ville constituée par les robots). On attend que ça décolle mais c'est sur une voie plutôt prometteuse, avec une sensation très "épisode classique".

Une fois passé le "rebondissement" comme quoi les futurs colons sont déjà présents et cryogénisés, l'épisode perd beaucoup en rythme. Il lance des balles en l'air et ne les rattrape pas, ce qui l'empêchera de dépasser le stade du sympathique.

Le premier problème, c'est que le deuxième acte sonne assez creux et vide. Je comprends que c'est le but de l'histoire, mais pendant 35 minutes on a vraiment que 2 personnages dans l'histoire... Ca manque un peu de vie et de point de vue. Et du coup à cause de ce manque de développement voire même de présence de persos, des opportunités sont manquées.

Exemple. Quand le Docteur retourne dans la ville, il pense que la meilleure solution pour sauver les colons du massacre imminent lorsqu'ils arriveront est... de faire péter toute la base sans chercher à creuser plus en détail ? Et du coup les colons qui étaient supposés être en chemin, ils crèveraient de faim au bout de trois jours, ou ça se passe comment ? En parallèle Twelve réalisera par la suite qu'il a failli tuer toute la base mais l'épisode n'en fait absolument rien, alors que l'erreur de jugement du Docteur est un point intéressant.

Deuxièmement, Bill tombe sur un cadavre et voit des images horribles de la Terre. Là où l'épisode aurait pu aborder finement le futur proche de l'humanité et ce qui les pousse à partir pour coloniser un nouveau lieu, sans même forcément à faire un élément clé de sa résolution comme l'avait fait le très bon The Beast Below, "Smile" se contente juste de faire faire couler une larme à Pearl Mackie sans revenir dessus, ce qui est un peu dommage. Cela dit, pour une histoire projetée dans un futur de l'humanité, cet épisode donne beaucoup de choses à voir et à faire pour Bill, et surtout ne devrait pas la décourager des aventures et de l'univers (alors que je me suis toujours dit que des compagnes comme Martha ou Donna, qui ont eu vraiment des "premières aventures" épouvantables, avaient vraiment du cran de ne pas s'enfuir).

Le scénario est globalement bien ficelé mais assez prévisible (à part la toute fin). On comprend très vite que la femme est morte avant tout le monde et dès lors, grâce à la scène d'introduction, que le deuil des uns a provoqué la mort des autres par une réaction en chaîne, jusqu'à ce que tous les éclaireurs soient morts. On comprend cela quelques minutes ou secondes avant le Docteur. Bon, rien de grave, mais on s'attend alors à avoir des approfondissements... Le passage où Bill et le Docteur découvrent le cadavre d'une dame avec l'histoire en hologramme de tout ce qu'ils ont besoin de savoir, est un peu foutage de gueule.

On repassera. Toute l'histoire se base sur l'idée que les robots ne comprennent pas ce qu'est le deuil (un peu étrange en soi, je veux bien que les futurs humains soient optimistes mais à moins qu'ils aient trouvé un remède contre la mortalité il fallait peut-être envisagé cette possibilité ?). On a donc en fait un twist assez classique d'un robot qui "veut bien faire mais ne sait pas comment faire et se rabat sur un programme de base (idée ultra courante en SF, dans la série je pense direct à The Girl in the Fireplace, The Curse of the Black Spot, The Doctor Dances... et sûrement d'autres).

Le fait que les robots ont développé leur propre conscience est une idée résolument plus intéressante en revanche, avec cette notion de "reconnaitre cette nouvelle forme de vie émergente". En cela, la toute fin de l'histoire réhausse le tout. Ya un petit côté Marxiste à l'histoire couplé à une morale résolument cynique et capitaliste ce qui rend le tout plutôt malin, même si ça vient un peu tard (je me répète mais tout le quart d'heure au "centre" de la ville, avec des problématiques techniques-bricolo, est super chiant).

La solution qui consiste à... à.... prendre le tournevis sonique pour rebooter tous les robots et espérer qu'ils restent sur le droit chemin par la suite, est un peu nulle sur le papier, mais cohérente dans l'exécution. Après, c'est presque un peu rapide, on aurait aimé un approfondissement et un vrai épilogue sur la suite de la colonie. Montrez-nous par exemple, une sorte de Parlement robot/humain dans le futur ! Ou quoique ce soit d'autre, qu'importe. Le Docteur dit lui-même plus tôt dans l'épisode que puisqu'il ne comprend pas comment les robots ont pu être défectueux la première fois avec la première team, il ne sait pas comment les empêcher de l'être avec les autres colons, et sa solution miracle est d'effacer toute la mémoire des robots en présence d'humains armés jusqu'aux dents et vraisemblablement pas forcément d'accord avec la solution.

Même si cette fin rend l'épisode intéressant à discuter car elle fait parler, il y a un passage que je n'aime vraiment pas, c'est quand le Docteur et Bill disent, en harmonie, "Souriez !". Les phrases en harmonie c'est vraiment grincement de dents pour moi en fiction, surtout quand c'est fait dans un ton moralisateur. L'hypocrisie comme base d'un système est une idée un peu osée mais au service d'une histoire tout de même intéressante, donc ce n'est pas mauvais comme réplique, au contraire, c'est juste l'exécution pour le coup qui me gêne.

Autres trucs contestables :

• Bill tombe sur un enfant qui s'est réveillé avant tout le monde (parce que why not ? pas d'explication) et le Docteur le laisse vadrouiller un peu partout.
• Les robots qui deviennent "colère" quand le Doc entre dans la zone mais qui ne font concrètement rien pour y remédier à part en envoyer UN à sa poursuite.
• Ou bien encore les mini-robots tueurs (les "Vardie") qui bouffent tous les vêtements des victimes mais laissent les colliers... (ouais c'est un détail con mais l'épisode en est rempli).

Bref, l'épisode démarrait de façon vraiment sympathique et semblait construire quelque chose d'intéressant, le problème de ce genre d'épisodes c'est que tout dépend de la conclusion et qu'entre une absence totale de tension ou de danger, une fin reboot assez bonne dans l'idée mais un peu bâclée, des dialogues pas toujour méga intéressants et un développement trop faible du background de l'humanité ou de celui du robot, ça tombe un peu à plat.

L'épisode était de plus tellement limité avec ses deux personnages pendant 30 minutes, que je pense qu'avoir Nardole aurait pu être largement bénéfique, pour le coup. D'autant qu'entre une colonisation d'humains ou un enjeu sur la robotique, Nardole aurait pu parfaitement s'inscrire dans l'histoire.

Heureusement qu'il y a Bill. Peut-être même trop effacée dans l'histoire selon moi pour ce qui est censé être un épisode charnière comme c'est habituellement le cas avec les autres compagnes. L'épisode lance une idée cool de Docteur "policier" mais ça s'arrête à peu près là. Mais bon. Au moins Bill reste naturelle. Bill s'émerveille face à un mur. Bill sent les fleurs du futur lui faisant penser à celles de sa fac et sourit. Bill est simplement ravie d'être là... et en vrai c'est un peu communicatif. Dommage que l'épisode est à la fois 10 minutes trop court et 20 minutes trop long.